
Philippe Vrignaud, artisan de la transformation numérique de l'État
Publié le vendredi 18 avril 2025 | DINUM
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Philippe Vrignaud fonctionnaire intrapreneur, commence sa carrière dans l’administration en 1987 après des études de droit (formation IRA de Nantes 1985-1986).
Dès ses débuts, il se passionne pour les outils numériques, non par amour de la technologie, mais parce qu’ils lui permettent de créer les outils dont il avait besoin pour travailler – pour lui-même, pour ses équipes, et très vite .. pour les collègues !
Dès 1989, il achète son premier ordinateur Apple, découvre des outils comme (Ouvre une nouvelle fenêtre) RagTime ou (Ouvre une nouvelle fenêtre) FileMaker, et commence à développer ses propres applications sur son temps personnel.
À une époque où l'informatique est encore marginale dans l'administration, il conçoit des tableaux de bord, automatise la gestion des subventions ou des fonds publics, ou encore crée des présentations visuelles pour les soirées électorales de la préfecture.
Fin des années 1990, il conçoit (Ouvre une nouvelle fenêtre) Poliville pour la Préfecture du Rhône, une application de gestion des crédits de politique de la ville. Ce logiciel est déployé auprès des services de l'Etat et aussi des collectivités pour faciliter la collaboration et éviter la duplication des saisies, grâce au soutien du fonds pour la réforme de l'État (FRE - ancêtre du FTAP). L'outil devient une référence nationale, ce qui le conduit à rejoindre la Délégation Interministérielle à la Ville de Paris en 2001.
Il déploie alors cet outil auprès de plusieurs (Ouvre une nouvelle fenêtre) dizaines de préfectures et de collectivités locales sur 2 ans.
Il lance avec un (Ouvre une nouvelle fenêtre) développeur en 2002 la version WEB de POLIVILLE, premier portail de saisie en ligne des dossiers de demandes de subvention dont l'instruction est partagée entre tous les acteurs publics. Il le restera jusqu'en 2014 !
Philippe comprend qu’il devra toujours avancer à contre-courant, et prend un peu de recul, et reprend des études pour passer un Master II de droit de l'internet à Paris I en 2003, où il effectue son mémoire sur le thème... des conditions juridiques de la mise en œuvre des plateformes interministérielles d'échanges de données ! Prémonitoire.
En 2004, après avoir intégré l'Agence de Développement de l'Administration Electronique, il développe les outils de suivi du (Ouvre une nouvelle fenêtre) programme ADELE, pilote la mise en place de la (Ouvre une nouvelle fenêtre) demande d'actes d'Etat civil en ligne, et porte le projet "Subventions en ligne", le "guichet unique" dématérialisé de dépôt et d'instruction de dossiers pour les associations.
Trop ambitieux et spécifique à chaque service, ce dernier projet est abandonné en 2011. L'abandon de celui-ci a permis de tirer des enseignements importants sur l'approche du développement d'outils pour l'ensemble des services.
En parallèle, il explore le Lean management, convaincu que l’humain est au cœur de toute transformation durable.
Un passage au ministère des finances entre 2009 et 2013 lui permet de mettre en place un serious game sur la création d'entreprise, meilleur serious game institutionnel en 2010 (Ouvre une nouvelle fenêtre) (Ma Cyberautoentreprise) puis créé le premier (Ouvre une nouvelle fenêtre) portail d'information sur les aides aux entreprises en 2011.
Adjoint au directeur de programme "Dite le Nous une fois", il lance en 2014 (Ouvre une nouvelle fenêtre) Marché Public Simplifié (MPS), une startup d’État pionnière qui donne naissance aussi à l (Ouvre une nouvelle fenêtre) 'API ENTREPRISE, la plateforme d'échanges de données sur les personnes morales et amorce la dynamique des communs numériques.
En 2015, c'est (Ouvre une nouvelle fenêtre) Téléprocédures Simplifiées (l'ancêtre de Démarches Simplifiées) qu'il lance avec l'équipe constituée autour des projets précédents, pensé comme un outil générique de dématérialisation, adaptable à chaque besoin, pour faciliter la saisine de l'administration et le traitement de tout types de procédures (La longue traine de démarches qui ne sont pas numérisées et dont la volumétrie insuffisante ne permettait pas l'industrialisation).
Il privilégie les innovations utiles, pragmatiques et ascendantes.
Philippe Vrignaud a toujours privilégié une culture de collaboration et de transparence au sein de ses équipes. Sa conviction que l'innovation émerge d'un travail collectif et d'une compréhension partagée des besoins du terrain s'est traduite par une implication active de chacun dans les projets, favorisant ainsi l'adhésion et l'efficacité.
Démarches Simplifiées est officiellement lancé en mars 2018 et devient vite un outil de référence, qui passe de 10 000 dossiers saisis en 2017 à plus de 4 millions de dossiers traités par an en 2024, et 30 000 procédures en ligne, un produit porté par une petite équipe avec un seul mot d’ordre : l’utilité.
Aujourd’hui, à quelques mois de la retraite, Philippe partage avec lucidité ce que son parcours lui a appris :
- L'intrapreneuriat n'est pas une désignation, mais résulte d'une nécessité et d'un engagement personnel à innover
- L’innovation publique demande du temps : “on ne fait pas une startup d’État qui dure en six mois, mais on peut trouver en six mois des premiers utilisateurs satisfaits ”
- L’État offre, paradoxalement, des marges de manœuvre immenses pour qui agit avec conviction
Sa fierté : avoir toujours mis les usagers et les agents au centre, déployé avec le SI de la confiance envers les agents et des pratiques organisationnelles efficientes, enfin former des générations d’équipes à innover avec sincérité, sur le terrain, au plus proche des besoins, et aider à transformer chaque agent en des innovateurs publics !